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Inspecteurs du travail Grève nationale des inspecteurs en deuil et en colère

PARIS, 16 sept 2004 - Deux semaines après le meurtre de deux de leurs collègues en Dordogne, les inspecteurs du travail, en grève jeudi à l'appel de six syndicats, ont exprimé leur "colère" et exigé des moyens techniques et humains "plus importants" pour remplir leur tâche.

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Les syndicats CGT, FO, CFDT, SNU TEF (FSU), SUD Travail et UNSA avaient appelé à la grève l'ensemble des fonctionnaires du ministère du Travail et les agents travaillant dans les services d'Inspection du travail aux ministères de l'Agriculture et des Transports, dont notamment les 1.740 contrôleurs-inspecteurs. Le 2 septembre, les inspecteurs du travail Daniel Buffière et Sylvie Trémouille ont été tués à coups de fusil par un agriculteur sur son exploitation de Dordogne où ils venaient contrôler les contrats de travail de saisonniers.

Les services du ministre délégué aux relations du Travail, Gérard Larcher, qui recevait dans l'après-midi une délégation intersyndicale, ont fait état de "30% de grévistes" sur l'ensemble des 2.893 agents concernés. L'intersyndicale avait été reçue dans la matinée par le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard. Les syndicats ont demandé aux ministres un "soutien sans faille" de l'Etat aux agents et "un renforcement très important des moyens, à la hauteur des problèmes sociaux". "Il est aujourd'hui criminel de clamer, comme certains parlementaires le font, que le Code du Travail est une tare pour la société" et "un obstacle permanent à la libre entreprise", a souligné le Syntef-CFDT.

A Paris, entre tristesse et colère, de 300 à 400 inspecteurs, contrôleurs et agents des services de l'Inspection du travail d'Ile-de-France, la plupart habillés de noir, se sont rassemblés jeudi matin devant la Bourse du Travail. "On a beaucoup parlé de la famille de l'agriculteur et pratiquement pas de celles des victimes" et "pas des difficultés des inspecteurs pour faire appliquer le Code du travail et la législation", a déploré un manifestant.

"Nous sommes seulement 1.366 inspecteurs et contrôleurs en France (dépendant du ministère du Travail), lanterne rouge en Europe", a indiqué à l'AFP Luc Beal-Rainaldy, secrétaire national du SNU-TEF. Pour "contrôler 18 millions de salariés et 1,7 million d'entreprises, c'est vraiment très en dessous de la moyenne européenne", a-t-il ajouté. Le ministère de l'Agriculture compte également 260 agents de contrôle et le ministère des Transports, 180 agents.

A Lille, une soixantaine d'inspecteurs et contrôleurs du travail, rassemblés à l'appel de Sud-travail, certains arborant un Code du travail enrubanné de noir, ont déposé des silhouettes évoquant leurs deux collègues, devant une société d'édition d'une revue agricole puis devant la représentation du Medef. A Lyon, une cinquantaine d'inspecteurs du travail se sont rassemblés jeudi matin devant les locaux du Medef, puis devant la FRSEA et la Bourse du travail.

"Il faut que les employeurs arrêtent d'attaquer tout le temps la légitimité de la loi", a affirmé Dominique Rols, inspecteur du travail à Saint-Etienne. A Grenoble, une vingtaine de contrôleurs a occupé de 11h00 à 12h00 les locaux de l'UMP à Grenoble tandis qu'en Savoie, une délégation de contrôleurs devait déposer une motion à la permanence électorale de Hervé Gaymard. A Auch (Gers), les grévistes - 15 des 20 contrôleurs-inspecteurs- ont distribué des tracts dans les autres administrations (douanes, impôts, URSSAF).


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